La Paroisse du Sourn de 1845 à 1890.



La première partie du Document a été entièrement rédigée par l'Abbé Hervé

La paroisse du Sourn prend son origine dans une petite trêve qui dépendait de la paroisse de Guern. Très restreinte, semblable à une langue, cette trêve était bornée à l'Est par le canal du Blavet, au Sud, par les paroisses de Bieuzy et de Guern, c'est-à-dire par les terres du Gosquer et la rivière du Ponto; à l'Ouest, par la rivière de la Pierre fendue; au Nord, par la paroisse de Stival, dont elle était séparée par un ruisseau qui coule sous le Rongoët, sous Kerdisson et va se jeter dans le Blavet à côté de Saint-Michel. Elle comprenait deux villages importants : Le Sourn et St Michel, ayant 1'un et l'autre une chapelle avec baptistère et cimetière, le tout en mauvais état. Et si le temporel laissait à désirer, le spirituel était encore dans un état plus pitoyable. La population d'environ 300 âmes se partageait en deux classes : les cultivateurs, et les bateliers tirant les chalands sur le canal de Nantes à Brest et sur celui de Pontivy à Hennebont. Ces derniers avaient des mœurs déplorables : ivrognes, rapineurs, querelleurs. Aussi bien, quoiqu'en minorité, ils étaient très redoutés.

Cette trêve était desservie par un vicaire résident et demeurant dans la maison dite de Saint-Julien (note: bas de la pharmacie actuelle). Monsieur CADIO, qui en fut le dernier vicaire a raconté lui-même que son ministère n'était ni consolant ni fructueux. Il ne pouvait que baptiser les enfants et enterrer les morts. Tous les dimanches, il disait la messe de bonne heure et se rendait à Guern avec quelques rares cultivateurs (Vieux Camlann, Anna Tilly etc...) Mgr LAMOTHE de BROONS et de VAUVERT, voulant améliorer cet état de choses entreprit d'ériger cette trêve en paroisse et le décret d'érection fut promulgué le 29 Avril 1845. Au mois de Juin suivant, Monsieur CADIO fut transféré à Stival et M. Patern ALLAIN devint Recteur du Sourn. Ce Monsieur CADIO combattit dans la Chouannerie pendant toute la révolution. Son uniforme était soigneusement gardé dans une armoire, et à côté, on lisait cette belle devise "CEDANT ARMA TOGAE" (que les armes cèdent à la toge) Jusqu'en 1869, il n'a été dressé ni inventaire ni état de cette nouvelle paroisse, un cahier de délibérations du Conseil de Fabrique excepté. Dans la première séance de ce conseil qui eut lieu le 3 Août 1845, on constate que Monsieur LOROIS, Préfet de Vannes, nomma le 25 Juillet précédent les deux premiers membres du Conseil de Fabrique, Mg LAMOTHE se réservant la nomination des trois autres, sur la présentation de M. LE CAM, Maire de Guern et celle de M. ALLAIN, Recteur du Sourn. LE SOURN, qui ne deviendra commune qu'en 1869.

La nouvelle paroisse utilisa comme église paroissiale la chapelle frairiale dédiée à Saint Julien, centurion, martyrisé à Brioude en Auvergne pendant la persécution de DIOCLETIEN, à la fin du 2° siècle ou aux premières années du 3° siècle. Sa fête se célèbre le 28 Août, d'après le martyrologe romain. Aucun écrit ou bref n'étab1it qu'i1 soit le titulaire de cette chapelle. Cependant la place de sa statue dans l'ancien retable en bois et la tradition le constatent suffisamment. Cette chapelle fut bâtie en 1649 par la noble famille de Rimaison, et ce qui le prouve, ce sont les armes que l'on y voyait. Sur la porte Nord, on remarquait un écusson d'argent à 5 fasces rouges, qui est réellement celui de Rimaison. Cette famille a possédé le château de ce nom en 1300, 1400, 1500, 1600 et 1643. Vers cette époque la châtellenie passa par mariage aux GUENGAT qui portaient d'azur à 3 mains d'argent, posées 2 et 1. La fenêtre du Nord de la vieille chapelle avait en alliance les écus de Guengat et de Rimaison. Peu après, Louise de Guengat, leur fille, épousa un KERGORLAY. Voilà ce que rappelle l'écusson précieux, sculpté sur bois, qui est au presbytère et qui porte un écartelé de Guengat et de Rimaison, et sur le tout, le vairé de Kergorlay. Cet écusson a été détaché de l'ancien retable. Les Kergorlay ont possédé Rimaison jusque vers 1725. Les CLEUX du GAGE leur ont succédé de 1725 à 1790. Actuellement Rimaison est la propriété de Mme Veuve LE BELLER de Bieuzy-les-Eaux (De nombreuses paroisses des environs ont bénéficié de ses largesses et on retrouve très souvent son nom inscrit dans les vitraux des églises et des chapelles)

Le premier Recteur du Sourn fut donc Patern ALLAIN, né à Kervignac le 25 Août 1794. Il marqua son passage par l'achat de trois autels en marbre de peu de valeur et la construction d’un presbytère dans un courtil à l'0uest du Bourg. MonšÎeur CADIO obtÎnt ce terrain des époux ELIOT par acte notarié en 1844. Par décret du Président de la République en date du 10 Avril 1851, le trésorier de la Fabrique fut autorisé à accepter cette donation. En 1847on fit l'achat d'une cloche, sur laquelle on lit 1'inscription suivante : " L'An 1847, j'ai été nommée Anne-Julienne. Parrain : Julien GUEGAN. Marraine : Anne TILLY. Recteur Patern ALLAIN. Maire Joseph LE CAM. Vendue par LAROME Frères de Josselin. Faite par Tétrel VIEL et Ozenne VIEL fondeurs à Villedieu-les-Poêles (Manche) En Avril 1851, Monsieur ALLAIN fut transféré à Malguénac et remplacé au Sourn par Monsieur Mathurin DORLOT, vicaire à Pluméliau, né à Cléguérec le 3 Septembre 1804. Il demeura au Sourn jusqu'au 17 Septembre 1856. Il devint Recteur de Saint-Thuriau où il mourut. Ce fut un prêtre de grandes vertus. Monsieur Mathurin LE METAYER, né à Sainte-Anne d'Auray le 17 Avril 1808 et vicaire à Plougoumelen, remplaça Monsieur DORLOT. Il ne resta au Sourn que jusqu'au 13 Octobre 1859 et fut transféré à Nostang où il mourut deux ans après. Monsieur Yves LE LEAL, né le 15 Août 1805 à Sulniac, fut nommé Recteur du Sourn ce 13 Octobre 1859. Son ministère comme celui de son prédécesseur ne fut pas de longue durée. Le 14 Mai 1864, il fut transféré à Moustoir-Remungol. Dom Boniface LE BERRE, né à Neuillac le 15 Mai 1817, vicaire à Noyal-Pontivy pendant 22 ans, le remplaça et s'attacha à cette petite paroisse de mauvais renom pendant l'année où il demeura. Le cimetière était trop petit et pour obvier à cet inconvénient, il s'adressa à Monsieur THOME de KERIDEC qui l'autorisa à prendre le terrain dont il aurait besoin. Ne prévoyant pas l'agrandissement de la paroisse, Monsieur LE BERRE eut le tort de se contenter de quelques mètres à l'Est. Grave inconvénient dont on se ressent aujourd'hui. Il entreprit de bâtir une tour collée à la partie Sud de la vieille chapelle. Son œuvre resta inachevée, et cette tour - ou plutôt cette base de tour fut démolie entièrement en 1889. Sa nomination à Moustoir-Ac le 15 Mai 1865 annihila tous ses projets. Il fut obligé d'accepter cet avancement. Dom Pierre RIO, né à Neuillac le 10 Septembre 1819, Vicaire à Saint-Christophe de Lorient, remplaça son compatriote au Sourn. Sa santé délabrée 1'obligea à demander son changement. Il fut nommé à Saint-Thuriau le 3 novembre 1866. Trois ans après, il en sortit pour aller mourir à Pontivy.

C'est Monsieur Joseph MOREL, né à Pluvigner le å' î2 Septembre 1819 qui devint Recteur du Sourn en novembre 1866. Sous son rectorat, un grand évènement ou changement s'accomplit. Jusqu'alors, Le Sourn n'était qu'une petite Paroisse dépendante de la commune de Guern. De nombreux habitants des paroisses voisines, vu la proximité de l'ég1ise et la facilité de s'y rendre, désirant se "distraire" pour entrer dans cette nouvelle paroisse, Messieurs BIGOUIN, Maire de Guern et RIVALAIN du Sourn se mettent à la tête du mouvement et entreprennent de faire au Sourn une commune, avec adjonction de quelques villages environnants. Après quelques démarches, ils sont reçus par le Préfet qui leur met sous les yeux une carte du pays, avec permission de prendre ce qui leur conviendrait. Le tort qu'i1s ont eu, est de s'être arrêtés devant certaines susceptibilités et la trop grande crainte de ne pas réussir coup, leur a fait laisser de côté et en dehors du Sourn des villages voisins qui, comme Porh-Audren, Talen etc..., ne demandaient pas mieux qu'à s'y rattacher et qui le demandent encore. Le 1er Mai 1869, Napoléon III signa un décret érigeant Le Sourn en commune, avec adjonction de villages dépendant de Pontivy, c'est-à-dire Stival, Malguénac, Guern et Bieuzy. La population montait du coup à un millier d'âmes. Le 24 Juillet 1869, Monseigneur BECEL, Evêque de Vannes, donne, par ordonnance à la nouvelle paroisse les limites de la commune. C'était un grand service rendu à tout le pays qui en est encore reconnaissant. Imaginez-vous ces gens du Gosquer et de Tréhonin, obligés de faire près de trois lieues pour se rendre au Bourg de Bieuzy à travers des routes impraticables! Avec la frairie de Bieuzy, vint à la paroisse du Sourn une chapelle dédiée à Ste RADEGONDE et à St JEAN BAPTISTE en très mauvais état. Il s'y disait` une messe tous les seconds dimanches et le 24 Juin de nombreux pèlerins y accourent pour demander la guérison de la "toque" (maladie des enfants qui consiste en une croûte qui couvre la tête et la figure) Monsieur l'Abbé MOREL obtint de la Cour de Rome, avec authentique, des reliques de St JULIEN exposées dans l'église paroissiale le 14 septembre 1868. Approbation épiscopale le 5 Mars 1869. Il érigea dans son église et pour la paroisse les confréries du Très Saint-Sacrement, du Rosaire et du Scapulaire, avec l'approbation de Mgr BECEL (16 Juillet 1868)

Monsieur l'Abbé LE GLEOUR, travaillant à une mission à Caudan, reçoit un jour une lettre qui le nommait Recteur du Sourn. Désolé, presque furieux (Il comptait sur un rectorat dans le Canton de Port-Louis ou celui d'Hennebont) pour mieux gérer son bien temporel), il part pour Vannes, espérant bien qu'on admettrait les raisons de son refus. Monseigneur lui fit comprendre qu'il avait besoin, dans la circonstance, d'un homme énergique pour liquider la situation au Sourn. Il le chargea même d'exécuter son prédécesseur que Mr BEC n'aimait pas beaucoup. Monsieur FOUCHARD, grand vicaire, fut plus avisé et lui donna un pli à remettre à l'ancien Recteur. Ce qui fut fait. Du reste, Monsieur MOREL, après quelques hésitations, s'éxécuta lui-même de bonne grâce et partit pour La Trinité-Surzur où il était nommé Recteur. Démissionnaire quelque temps après, il vint à Pluvigner mourir on ne sait comment. Monsieur LE GLEOUR devint donc Recteur du Sourn en novembre 1869. Né à Plouhinec le 22 décembre 1821, il fut vicaire à Noyal-Pontivy plus de 19 ans. Son nom, après 34 ans, y est encore vénéré. Ce n'est pas étonnant, après tout le bien qu'il a fait. C'est lui qui a construit la maison et l'école des Religieuses. Très soucieux de la direction des âmes, il n'oubliait pas le temporel, poussait les gens de Noyal à l'économie, en plaçant leur argent. La réception au Sourn fut pourtant assez froide. Un nommé MAHE lui reprocha d'avoir laissé un jour la paroisse sans prêtre, et on voulait exiger de lui qu'il chantât la messe tous les quinze jours dans la chapelle de Saint-Jean. Mais, après en avoir référé à l'autorité, le nouveau Recteur tint bon et la grand'messe inconnue jusque-là (Elle consistait dans le chant de l'Asperges me, suivi d'une messe basse) fut chantée tous les dimanches dans l'église paroissiale. Ici commence la véritable organisation de la paroisse du Sourn. Tout était en désordre. La police était mal faite. Aussi le Bourg du Sourn était reconnu pour les batailles, à tel point que les étrangers craignaient d'y passer le soir. Voilà pourquoi l'on voit le nouveau Recteur entrant dans les auberges pour arrêter les danses, réveillant le Maire RIVALAIN, le premier Maire du Sourn, pour l'aider à mettre fin aux désordres des jeunes gens, pavant de sa personne en toute occasion. Le temporel était dans un délabrement complet. L'église paroissiale, la pauvre chapelle de St Julien - était devenue insuffisante par l'accroissement de la paroisse et menaçait ruine. Les chapelles de St Jean et de St Michel n'étaient pas dans un meilleur état. Le presbytère mal fait était lézardé et n'avait pour toute dépendance qu'un verger maintenant jardin. L'unique école, tenue par une demoiselle réunissait à peine une douzaine d'enfants. Monsieur LE GLEOUR songea d'abord à réparer le spirituel. Voyant sa population dans l'ignorance la plus complète, presque l'abrutissement, sa paroisse composée d'éléments hétérogènes qui se demandaient à quel recteur ils appartenaient. Les limites étaient à peine connues, pensa qu'une grande mission instruirait ses paroissiens. Dans ce but, il fit appel aux RR.PP.Jésuites LESTROHAN, LARBOULETTE et RIVALAIN. Pour les aider, vinrent MM. DANIGO, Recteur de Noyal, LE JELOUX, recteur de Kerfourn, CHAPELAIN, Vicaire à Pontivy et JEGOUZO, Vicaire à St Christophe de Lorient. Cette mission qui commença le dimanche du Rosaire 1870 et dura quinze jours, fut très suivie. Les prédications données avec feu rallièrent beaucoup de mécontents et il y en avait. Le changement de paroisse devait soulever nécessairement quelques difficultés. Une croix de mission fut plantée dans le cimetière. Le nouveau Recteur était consolé. Il pouvait dormir tranquille et joyeux et entreprendre les réparations du temporel.

L'église paroissiale était à reconstruire. Mais comment procéder ? Fallait-il la démolir toute entière et d'un coup ? Ou la refaire par parties ? Ce fut ce dernier plan qui fut adopté en raison de la modicité des ressources. Le chevet Est de la chapelle fut démoli et on construisit un chœur de 7 mètres de profondeur sur 7 m de largeur. On y pratiqua 3 fenêtres avec verrières, représentant : celle du fond, Saint JULIEN, patron; celle du Nord, St JOSEPH; et celle du Sud, Ste Hélène, impératrice. Souvenir de famille : le Pasteur avait un frère qui s'appelait Joseph et une sœur qui s'appelait Hélène. Monsieur MARECHAL, de Metz confectionna ces vitraux. Une sacristie fut construite. Le cimetière fut agrandi et nivelé. L'église dallée reçut des bancs pour les fidèles. Le premier travail était fait, mais avec quelle difficulté! Quand il s'était agi de chercher les fondations, la terre devenait de plus en plus molle à mesure qu'on creusait. Aussi fallut-il jeter des blocs pour poser les fondements. Jusqu'ici tout paraît solide. ll ne faut pas demander au Pasteur combien ces travaux lui ont coûté. "Pourvu que le Bon Dieu m'en tienne compte" : telle est sa réponse invariable. Le 12 Avril, Dom Jacques LAMOURIC qui, né au Sourn, s'y était retiré, mourut subitement. Une fièvre typhoïde l'avait obligé de sortir de St Aignan où il était Recteur. Par testament, il laissa à la fabrique son calice en vermeil. On dit que l'ostensoir fut encore un cadeau. Il vécut et mourut en saint prêtre. Le presbytère, comme l'église, était d'une extrême pauvreté. C'est à cette époque qu'on y fit des restaurations importantes et que le courtil, planté de 14 grands cerisiers, fut converti en jardin. La fabrique était sans ressources et n'avait d'autre bien que le presbytère et le jardin. Le premier terrain acquis - et l'unique encore aujourd'hui - fut donné par Mr de KERIDEC. ll eut l'idée de rétablir une fondation faite à Stival, alors trêve de Malguénac et supprimée par la Révolution de 93. A cette fin, par acte sous seing privé du 13 Novembre 1871, approuvé par l'Evêque de Vannes, il donnait à la Fabrique un terrain vague et plein de bourbières , à la condition que le Recteur qui en jouirait dirait chaque année six messes à un honoraire de deux francs. Mais que de peine pour clore ce bourbier, le drainer et le mettre en prairie, Ce travail dut coûter au moins 500 francs au Recteur?

En Septembre 1874, Mademoiselle Sidonie LE GRAS de Pontivy vendait à M. LE GLEOUR deux landiers par acte sous seing privé. Ces landiers furent clos et mis en partie en prairie et partie en sapinière. M. LE GLEOUR en a conservé la propriété. Pour relever le niveau moral de la population, Mr Le Recteur s'intéressa aux enfants et crut bon de leur donner un enseignement chrétien. Il existait au Sourn une école mixte tenue par une demoiselle LIDURIN de Locminé. Quoique d'une conduite chrétienne, cette demoiselle voyait son école à peu près déserte : une douzaine d'enfants suivait ses cours. Aussi fut-elle découragée et après quatre ans de résidence, elle quittait l'enseignement. Elle fut remplacée par une demoiselle TILY de Pontivy qui se retira bientôt dans sa ville natale, voyant que ses leçons n'étaient pas mieux suivies. C'est alors que M. LE GLEOUR obtint du Conseil Municipal et du Préfet l'autorisation de confier l'école à une Congréganiste. La Congrégation des Filles du St-Esprit, dont la maison-mère est à Saint-Brieuc, lui fournit la première titulaire, Madame Eugénie RIVALAN, en religion Sœur Saint-Florent, qui ouvrit la classe le premier dimanche d'Octobre 1875. Au mois de Janvier 1876, on lui adjoignait la Sœur Ste CLOTILDE. L'enseignement devenait plus facile car cette sœur savait le breton. L'habit blanc de ces religieuses, leur enseignement chrétien plaisait à tous les parents, chose facile à constater, puisque les enfants venaient à l'école en grand nombre. Cette Sœur a dirigé l'école mixte jusqu'en 1890 à la grande satisfaction des paroissiens. Aussi le mécontentement fut général quand à cette époque on imposa au Sourn un instituteur laïc pour tenir l'école des garçons. L'école des Sœurs a toujours réuni plus de filles que l'instituteur n'a eu de garçons. Ce n'est pas le tout d'avoir des Sœurs et des élèves : l'école, par là-même, devenait impropre et insuffisante. Aussi en 1880, M. LE GLEOUR acheta à Mr Thomas de KERIDEC 25 ares de terre dans un champ situé sur la route de Pontivy, au nom de la commune, pour y pour y construire un groupe scolaire avec Mairie. Il en donna le plan et fit avance à la commune des fonds nécessaires sans intérêt jusqu'au remboursement. La population heureuse montrait sa bonne volonté en fournissant la pierre, le sable et les transports Les propriétaires - non-résidents - ont fourni les bois durs. Aussi quelle belle fête de famille quand Mgr BECEL Evêque de Vannes, bénit la maison le 8 Mai 1881 à l'issue des Vêpres. Le matin, il avait administré le sacrement de confirmation. Jusqu'en février 1875, M. LE GLEOUR était seul pour diriger la paroisse du Sourn et en faire tout le service. Il se procurait un prêtre-auxiliaire pour dire la messe les dimanches et fêtes gardées. A la mort de M. LAMOURIC Monsieur GOUGUEC, natif de Bieuzy, prêtre colonial en convalescence et Monsieur LOISEL, prêtre infirme du diocèse lui ont rendu ce service. Mais il fallait régulariser la position. Monsieur le Recteur, pour obtenir un vicariat, s'adresse à la députation du Morbihan, et sur les instances de celle-ci, le gouvernement a fait droit à la requête du Recteur et des habitants du Sourn. Le vicariat est érigé et en février 1875, Monsieur CUMON, Ministre des Cultes, le fait inscrire au Grand Livre pour être rétribué. Le 8 Avril suivant, Mgr BECEL nomme un titulaire, Monsieur l'Abbé LE TOHIC, nouvellement ordonné. Né à Noyal d'une famille pauvre mais vertueuse, ce Monsieur est actuellement Recteur de Melrand. Le premier dimanche de Janvier 1877, l'Abbé LE TOHIC est nommé vicaire à Mendon et remplacé au Sourn par l'Abbé Mathurin LE PENSE, natif de Cléguérec. Son séjour ne fut pas de longue durée. A la fin de Juillet de cette même année, l'Abbé LE PENSE entra comme novice à l'Abbaye de Tymadeuc. Après plusieurs années d'épreuves, il ne fut pas admis à faire ses vœux et il partit pour exercer son ministère dans le diocèse d'Angoulême. Le 1er Août de la même année 1877, Monsieur René HUIBAN est nommé vicaire au Sourn. Il ne s'attendait pas à y rester longtemps. Natif de Guiscriff, il ne connaissait pas le dialecte de Pontivy. Aussi, quand l'ordination de Noël fournit à l'Evêque de nouveaux sujets, Monsieur HUIBAN fut nommé au Faouét et remplacé au Sourn par M. TARO ou CARO qui venait de Guiscriff et qui ne resta que 3 ans au Sourn et fut exclu du diocèse de Vannes.

Le 12 Janvier 1881, arrive au Sourn l'Abbé Toussaint LE BONZEC, natif de Ploemeur. Par sa fervente piété et sa minutieuse régularité, ce jeune prêtre fit l'admiration des paroissiens. La paroisse du Sourn ne suffisait pas au zèle de M. LE BONZEC et le 1er Octobre 1884 il demandait à entrer au noviciat des Missions Etrangères de Paris et c'est de là qu'il est parti pour Coîmbatour, dans la Résidence de Madras dans les Indes Anglaises. Les vicaires font comme les premiers recteurs : ils se succèdent rapidement En Octobre 1884, l'Abbé Louis PHILIPPE, natif de Guern, est nommé vicaire au Sourn. Ce jeune prêtre avait débuté par le professorat. D'un esprit fin et d'un goût délicat, il avait passé deux ans au Collège Saint-François Xavier à Vannes. Mais sa faible santé l'obligea à quitter le collège. Au Sourn, il se fortifia. M. LE CLANCHE venait de fonder à Lorient un Externat libre pour faire concurrence au Lycée et permettre aux parents de donner à leurs enfants un enseignement chrétien. D'accord avec M. GUENNEGO, Curé de Lorient, il avait obtenu de Monseigneur l'autorisation de choisir ses professeurs. Ayant connu l'Abbé PHILIPPE à St François Xavier, quand il en était le Supérieur, il vint le demander. Premier refus. Mais sur de nouvelles instances, le jeune prêtre dut céder et ce fut pour son malheur. A Lorient, les migraines et les fièvres continuelles l'assaillirent et l'obligèrent après deux ans et demi de professorat à entrer dans une maison de santé. Actuellement il est vicaire en ménage à Plescop. Le 1er Octobre 1886, l'Abbé Louis EONET, natif de Kerfourn, jeune prêtre, a remplacé M. PHILIPPE. Il a donné de la stabilité au vicariat du Sourn. Il y est depuis bientôt 17 ans. Depuis que le Recteur avait un vicaire, il voyait bien que son presbytère était insuffisant. Cette maison n'ayant que deux pièces au rez-de-chaussée : cuisine et salle-à-manger, et deux chambres à l'étage, n'avait plus assez de logement. Une construction fut ajoutée mais sans plan réfléchi, elle ne concorde pas avec le principal et n'est pas commode. Ce qui aurait été plus avantageux et mieux compris, eût été l'ouverture d'une cave sous la salle à manger, l'établissement d'une écurie, d'une remise, d'un bûcher. Voilà le presbytère tel qu'il existe actuellement. Le jardin ne fut pas oublié. On commença la clôture qui ne fut achevée qu'en 1883.

La pauvre église du Sourn pesait lourdement sur le coeur du vénéré Pasteur. Il est vrai que le chœur était fait, mais il restait à construire le transept, la nef et la tour : c'est-à-dire le principal. Examen fait, on ne trouverait jamais chez les paroissiens les ressources nécessaires pour une œuvre de cette importance. Le Recteur ne pouvait compter que sur lui-même, et cependant il allait agir. Mr LE GLEOUR ne recula pas. Devrait-il dépenser le dernier sou de sa bourse, il était décidé, avec son caractère énergique, à mener à bonne fin, une construction grandiose et nécessaire. On trouva les pierres. De côté et d'autre, on perce, on examine le grain : rien qui vaille. Un beau jour, un ouvrier maçon vint dire à Mr Le Recteur : " Ne cherchez pas si loin. Il y a dans votre parcelle de lande de la bonne et belle pierre". Cette parcelle de lande avait été achetée quelques années auparavant à Melle Sidonie LE GRAS. La carrière était trouvée : c'est elle qui a fourni tout le moellon et les pierres de taille pour la construction du transept, de la nef et de la tour. Quel plan adopter ? Il y avait, dans un château de Saint-Avé, un Monsieur DOUILLARD, Architecte des Edifices Religieux des diocèses d'Orléans et de Tulle. Pendant les vacances de 1886, M. le Recteur l'invite à venir au Sourn pour étudier sur place et dresser un plan d'église. Après des tâtonnements, l'architecte fit le plan qu'on voit exécuté. Mais pour le moment, on ne construirait que le transept. Le Conseil de Fabrique, le Conseil Municipal ne marchandèrent pas leur approbation, vu qu'il n'y avait pas un centime à dépenser. Le Préfet de Vannes ne fut pas si facile, mais il dut céder devant la menace de porter son refus peu motivé à la connaissance des habitants jusqu'alors votant à gauche et favorables à un Maire de gauche. Les plans et devis, approuvés, signés et contresignés arrivèrent au Sourn le 31 décembre 1886, à la veille de la clôture du Jubilé. A cette occasion, le Recteur avait donné une mission prêchée par les Pères Jésuites LARBOULETTE alors aveugle et RIYALAIN. M. GUILLEMETTE, le Curé de Languidic et neveu du Recteur, LE DAIN, Recteur de Saint-Gérand, CAREL, Recteur de St-Barthélémy, LE DROGO, Vicaire à Bieuzy, secondèrent les Jésuites. Le jour du 1er de l'An, toute la population eut connaissance de l'approbation du Préfet. Ce fut une réjouissance générale Il s'agissait maintenant d'exécuter le travail. L'Architecte avait bien donné le plan, mais il était parti pour ne plus revenir. Le Recteur de vint entrepreneur et résolut avec les ouvriers du pays de mener la construction à bonne fin. Les tailleurs affluaient dans la carrière dont on a fait mention. Les paroissiens faisaient les transports, fournissaient les bois durs et tout cela avec la meilleure grâce. Au mois de Mai, on décida la démolition de la chapelle : charpente et murs disparurent dans une semaine. Les ouvriers étaient nombreux. Il y avait de l'entrain. Aussi, au mois de Septembre de la même année, le transept était terminé. Un répit devenait nécessaire, mais répit qui ne fut pas de longue durée. En 1889, on reprit les travaux. La nef était à refaire ainsi que la toiture. M. LE BERRE, pendant son court passage au Sourn, avait posé la base d'une tour, mais l'endroit étant mal choisi, elle ne concordait pas avec le plan général. Il fallut donc démolir l'œuvre d'un prédécesseur. Sous la direction du même entrepreneur ‘clérical’- les travaux furent poussés avec vigueur, et comme le dit le vénéré pasteur, le cordial concours de ses paroissiens lui allégeait la tâche ou plutôt, avec plus de vérité, l'engageait à dépenser et à se dépenser lui-même. Aussi, dès le mois d'Octobre 1889, l'Eglise était complètement terminée et la Tour déjà élevée au-dessus du faîtage. L'œuvre était achevée. Il n'y avait plus qu'à la couronner. Monseigneur BECEL fut invité à la bénir. Le 5 décembre, Sa Grandeur arrive au Sourn. Elle était accompagnée de Monsieur JEGOUZO, Vicaire général, Monsieur GUENEDAL, Secrétaire général de l'Evêché, M. KERDAFFREC, Curé de Pontivy et d'un nombreux clergé. La bénédiction fut solennelle. M. Le Recteur a dépensé et s'est dépensé lui-même dit Monseigneur dans cette belle cérémonie et devant une nombreuse assistance. Je ne peux pas grand-chose pour le récompenser, mais ce que je peux, je le fais avec joie. Je le nomme Chanoine Honoraire de mon église cathédrale. Cette distinction fit plaisir à tous les assistants, aux nombreux amis du vénérable Recteur. C'était la digne récompense de grands et utiles travaux. l'Année 1890 vit encore de belles constructions et de beaux décors. La sacristie était en mauvais état. Pour les premiers jours du mois de Mai, la nouvelle était faite. Puis vint l'achèvement de la Tour. Les pierres sortaient de la carrière comme par enchantement. Les voitures pour les transports ne faisaient pas défaut. Aussi, le 28 Août, jour de la fête de St JULIEN, Patron de la Paroisse, on montait la dernière pierre. Fait remarquable à noter : pendant la construction de l'église et de la Tour, il n'est pas survenu le moindre accident à aucun ouvrier. Aucun n'a fait la moindre maladie.

Pendant tous ces travaux, on ne négligeait pas l'intérieur de l'église. Chaque fenêtre a son vitrail, fourni par la Maison CHAMPIGNEULE de Bar-le-Duc, et chaque vitrail porte le nom de celui qui en a fait cadeau, dit le Pasteur. Mais dans un moment d'oubli, il a avoué que le vicaire seul (Monsieur l'Abbé EONET) a payé intégralement la somme nécessaire. Autrement c'est la bourse du Recteur qui suppléait. Chaque vitrail aurait coûté 300 F Une nouvelle chaire à prêcher vint de St-Brieuc, confectionnée par M. LESCOET, successeur de M. GUIBE qui précédemment avait fait les confessionnaux. Un nouveau chemin de croix en plâtre durci et polychromé fut placé dans l'église. Monsieur JEGOUZO, Vicaire Général, délégué par Mgr BECEL, vint le bénir le 31 Août, jour de la solennité de la fête patronale, comme en fait foi le procès-verbal rédigé le jour même. Assistaient à la cérémonie M. PICHODO, Professeur de Morale au Grand Séminaire de Vannes, actuellement Curé de Ploemeur, LE TOHIC, Aumônier à Pontivy et 1er Vicaire du Sourn, actuellement Recteur de Melrand, RIVALAIN, Vicaire à Naizin, LE PETITCORPS, Missionnaire, et le clergé paroissial avec un grand concours de fidèles

Signé : Abbé Hervé

----------------fin du document de l'Abbé Hervé-------- ------------------------



1912 urgence à répérer le paratonnerre et les vitraux

1914 23 Novembre, incendie dans le clocher. Sans gravité, le bedeau a oublié d'éteindre sa chandelle (Conseil Municipal), 280 Frs

1922 Installation du Monument aux Morts devant l'Eglise pour 10000Frs. A la place de l'ancien cimetière qui est devenu place publique

1922 Réparation et amélioration de la Fontaine du bourg. Problème du à la sécheresse. Emplacement ? Près du puits ?

1957 remplacement des cordes des cloches, danger

1958 autre évènement, remplacement du paratonnerre. 375000 Francs.

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La carrière, dite du Curé, d'où ont été extraites les pierres de l'église. Elle se situe au dessus de Tachenn Glas, sur le chemin qui va du Bouilléno vers la maison Rouillard entre les parcelles 134 et 114. Messe de 1641